Henri IV et d’Aubigné

Henri IV et d’Aubigné, comédie en trois actes et en prose, de de Rougemont et René Perin, 28 avril 1814.

Théâtre de l’Odéon.

Titre :

Henri IV et d’Aubigné

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en prose

Musique :

non

Date de création :

28 avril 1814

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon

Auteur(s) des paroles :

de Rougemont et René Perin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1814 :

Henri IV et d’Aubigné, comédie en trois actes et en prose, Par MM. de Rougemont et René-Perrin, Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de l’Odéon, le 28 avril 1814.

Le feuilleton du 5 mai dans le Journal de Paris est tout entier consacré aux pièces prenant Henri IV pour héros. Son contenu est bien sûr tout à fait politique. Il s'ouvre par des excuses : le journal a dû consacrer son espace à des articles politiques (le 3 mai, a été rétablie la statue d'Henri IV, détruite par les révolutionnaires), et la part culturelle a été négligés, mais elle revient désormais. Et tout le feuilleton du jour est consacré à trois pièces autour d'Henri IV, dont le critique souligne la ressemblance avec Louis XVIII : deux princes malheureux, mais soucieux du bonheur de leur peuple. Et avant d'aborder la critique des pièces nouvelles, un long paragraphe rappelle combien la Révolution a été un moment d'égarement de la part de «méchants » et de « fous qui voulaient changer entièrement le caractère franc, sensible et généreux de la nation française, », mais la parenthèse se ferme, et c'est un descendant d'Henri IV qui monte enfin sur le trône de son glorieux ancêtre.

Trois pièces donc, qu'on trouvera dans les articles qui leur sont consacrés :

Journal de Paris, n° 125 du 5 mai 1814, p. 2-3 :

C’est Henri en personne que nous a présenté le théâtre de l’Odéon, auquel je demande pardon plus vivement qu’à tout autre de 1'avoir laissé pendant quelques jours dans l’oubli. Je sais tout ce qu’on doit d’égards et de respect au malheur.

L’amitié qui unissait Henri à d’Aubigné ressemblait à l’amour par les tracasseries, les petites brouilleries et les raccommodements qui en interrompaient et en renouaient le cours ; ou pour les rendre encore plus semblables à deux vrais amans, ces deux amis, dignes l'un de l'autre, en s’exhalant mutuellement en reproches et souvent même eu injures, ne cessèrent jamais de s’aimer.

On dit que les rois n’ont pas d’amis ; qu’ils se donnent la peine d'en mériter, qu’ils sachent les conserver, et ils en auront ; Henri IV en est 1a preuve. Il eut souvent besoin de toute l'indulgence dont une véritable amitié est seule capable pour excuser les brusques incartades de d’Aubigné ; que son caractère âpre et capricieux et ses propos imprudens auraient perdu mille fois avec tout autre prince que lui. A quel roi eût-on adressé impunément les paroles que d’Aubigné proféra devant toute la cour qui témoignait au monarque la douloureuse horreur que lui inspirait l’attentat de Jean Châtel : « Sire, ce coup est un coup du ciel. Comme vous n’avez encore renié Dieu que des lèvres, c’est à la lèvre qu’il vous a frappé. Quand vous le renierez du cœur, c’est au cœur qu’il vous frappera. »

L’anecdote qui fait le sujet de la pièce jouée à l’Odéon sous le titre d'Henri IV et d’Aubigné, a déjà été mise au théâtre sous le titre de François Ier. La police exigea ce changement de nom et d’époque. Elle ne voulait pas qu’on rappelât au peuple le souvenir d’un roi qui ne songeait qu’au bonheur de ses sujets ; elle trouvait moins de dangers à lui offrir un prince qui fût quelquefois égaré par le faux éclat des conquêtes.

L’opéra de François Ier joué à l'Opéra-Comique, obtint un succès dont la comédie de l'Odéon n’a pas lieu d’être jalouse.

Le roi est forcé par les imprudences de son ami de paraître consentir à l’éloigner de la cour ; mais il l’exile dans le lieu qu'habite la beauté à la main de laquelle il aspire. Le père refuse d’Aubigné qu’il croit pauvre et disgracié ; le roi arrive et comble l’exilé de bienfaits et de témoignages d'estime et d’affection : on se trouve trop honoré de l’alliance de l'ami du monarque.

L’action de cette pièce est bien conduite, le style noble et correct ; un divertissement et les couplets ont contribué à y jeter de la variété : le public, content de sa soirée, a voulu que les auteurs eussent leur part du plaisir qu’ils lui avaient donné. Les noms de MM. René Perrin et de Rougemont ont été proclamés au milieu des plus vifs applaudissemens.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome II, p. 380-381 :

[La pièce existait avec François Ier (François Ier, ou la Fête mystérieuse), mais les temps ont changé, et on peut mettre Henri IV sur scène, en étant de plus sûr du succès. Peu d’information sur la pièce : juste le fait que l’anecdote n’a pas été modifiée.]

Henri IV et D’Aubigné, comédie en trois actes et en prose.

Tout le monde connoît le trait de Henri IV qui, n'étant encore que Roi de Navarre, feignit d'exiler et de disgracier D'Aubigné, pour contenter les Reines et quelques Dames de la Cour, que l'humeur satirique de ce gentilhomme n'avoit pas épargnées. D'Aubigné aimoit tellement à faire des épigrammes, qu'il ne put s'empêcher d'en faire sur son maître lui-même qui lui avoit donné son portrait : peu satisfait de ce présent, il dit du Roi :

Ceux qui le servent en effet,
Il les récompense en peinture.

Dans le temps où il n'étoit pas permis de rappeler aux Français le souvenir de Henri IV, deux auteurs, qui avoient traité ce sujet pour le théâtre de l'Opéra comique, substituèrent François I à Henri. Ceux de la nouvelle pièce n'ont rien changé à l'anecdote, et ont obtenu le succès que présage le nom de Henri à tous ceux qui le mettent en scène. Les auteurs sont MM. de Rougemont et René Perin.

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