Les Artistes par occasion, opéra-comique en un acte, paroles de M. Duval, musique de M. Catel ; 22 janvier 1807.
Théâtre de l'Opéra-Comique.
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Titre :
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Artistes par occasion (les) ou l'Amateur de Tivoli
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Genre
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opéra-comique
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Nombre d'actes :
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1 |
Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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22 janvier 1807
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Théâtre :
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Théâtre de l’Opéra-Comique
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Auteur(s) des paroles :
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Alexandre Duval
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Compositeur(s) :
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Charles-Simon Catel
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Almanach des Muses 1808.
Double déguisement qui rappelle celui de la Mélomanie. Dénouement qu'Arlequin afficheur, et surtout l'Opéra-Comique, pourraient réclamer.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Vente, 1807 :
Les Artistes par occasion, ou l'amateur de Tivoli ; comédie en un acte et en prose, mêlée d'ariettes ; Paroles de M. Alexandre Duval, Musique de M. Catel. Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de l'Opéra-Comique, par les Comédiens ordinaires de l'Empereur, le jeudi 22 février 1807.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1807, tome 1, p. 477 :
[« On ne doit pas juger sérieusement un opéra-comique » : pièce faite pour « faire briller » un chanteur, et que le critique croit pouvoir rapprocher d’une autre œuvre. Après un rapide résumé de l’intrigue, un bref compliment pour l’auteur des paroles (« bleuette, écrite avec esprit ») et mention du nom du compositeur, qu’on ne connaissait que « dans le genre sérieux », et dont on ne juge pas la musique.]
THÉATRE DE L'OPÉRA-COMIQUE.
Les Artistes par occasion.
C'est un cadre choisi pour faire briller Martin. L'idée a quelque ressemblance avec celle de la Mélomanie ; mais on ne doit pas juger sérieusement un opéra-comique.
M. Fomboni attend deux hommes célèbres, Goldoni et Guglielmi. Un amoureux qu'il n'attend pas, suivi de son valet, pénètre dans la maison : on devine qu'il est épris de mademoiselle Fomboni, et que le valet aime la soubrette : ils se donnent pour les personnes que l'on attend. Le faux Guglielmi enchante le faux connoisseur, et la pièce se termine par la reconnoissance et le mariage. Cette bleuette, écrite avec esprit, est de M. Alexandre Duval. La musique est de M. Catel qui n'étoit encore connu que dans le genre sérieux, et à qui nous devons Sémiramis.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome III, mars 1807, p. 270-275 :
[Pièce qui a connu « beaucoup de succès », œuvre d’un auteur très populaire : la liste de ses ouvrages plaide pour lui. Pourtant, le critique fait preuve d’une certaine réticence. Il lui reconnaît « de l’esprit dans le dialogue », mais il impute au sujet « trop peu d'étoffe, trop peu d'intérêt, un cadre trop usé, des réminiscences trop frappantes » : on retrouve le sujet de la Mélomanie, et les moyens de pièces célèbres de Duval. Cette faiblesse relative est justifiée par le choix de Duval d’écrire un livret permettant à un jeune compositeur de faire ses premiers pas à l’Opéra Comique et d’y imiter « les productions de l’école italienne ». Mais les défauts inhérents à l’opéra bouffe, « la nullité de l'intrigue, les défauts de conduite, et le ridicule du style » ne sont pas acceptables sur un théâtre français, dont le public refuse d’apprécier un ouvrage dont seule la musique ait de la valeur. Pour justifier ce point de vue, le critique consacre un paragraphe à montrer que les grands compositeurs du temps ont écrit sur des livrets qui ne sont pas sans intérêt : pour eux, il faut que les morceaux de musique s’adaptent parfaitement aux situations d’une intrigue bien conçue. Il ne veut pas pour autant nier toute qualité à la pièce nouvelle, qui ne manque que de gaieté. Le compositeur est ensuite présenté comme un homme savant, au style « plein, harmonieux, soutenu, même dans une bagatelle », mais dont le caractère savant reparaît parfois, hésitant entre Cimarosa ou Paësiello et « les chemins difficiles et âpres battus […] par les harmonistes ». Ces morceaux ont été appréciés, mais ils sont un peu déplacés dans le contexte léger où ils se trouvent. L’interprétation de Martin, parfaitement adapté à ce rôle, domine les autres rôles, jugés secondaires, à une exception près. L’article s’achève par l’évocation de la reprise réussie de la Double leçon, également de Duval.]
THÉATRE DE L’OPÉRA-COMIQUE.
Les Artistes par occasion.
Le dernier opéra comique, ou plutôt opéra bouffon, donné à ce théâtre, y jouit de beaucoup de succès, et y attire un grand concours de spectateurs : ainsi , pour le théâtre qui l'a offert au public, il a la première et la plus essentielle de toutes les qualités. Son titre est les Artistes par occasion ; son auteur est M. Duval, connu par tant de succès de l'opéra-comique, et par des titres plus importans à l'estime publique, acquis au théâtre français par le succès du Tyran domestique, et de plusieurs jolies comédies, les Héritiers, le Chanoine de Milan, les Projets de mariage , Shahespear, remis dernièrement et revu avec beaucoup de plaisir, etc., etc., etc.
Si les Artistes par occasion étaient l'ouvrage d'un homme qui n'eût pas fait ses preuves dans ce genre, quoiqu'il y ait de l’esprit dans le dialogue, on aurait pu trouver au fond trop peu d'étoffe, trop peu d'intérêt, un cadre trop usé, des réminiscences trop frappantes. Tout la monde aurait voulu reconnaître le sujet de la Mêlomanie, et à peu de chose près, les moyens employés dans Maison à vendre et dans l’Opéra Comique. Mais le public avait été prévenu que l'auteur ne se proposait que de donner à un jeune et savant compositeur l'occasion de briller dans un genre nouveau pour lui, et d'imiter les productions de l'école italienne, à l'aide d'une certaine liberté dramatique que lui laisserait l'auteur des paroles. Certes, nous sommes autant que qui que ce soit, les partisans de cette école; mais autant, sur le théâtre qui lui est consacré, nous sommes disposés à excuser dans les poëmes la nullité de l'intrigue, les défauts de conduite, et le ridicule du style, autant nous pensons que sur les théâtres français ce serait mal juger le goût national, et tenter inutilement de le corrompre, que d'y présenter des ouvrages où la musique aurait la prétention d'être entendue, d'être appréciée seule. Les spectateurs français ne sépareront jamais, il le faut espérer, les paroles de la musique, l'action théâtrale, le bon sens et l'intérêt dramatique de la composition, et l'esprit du poète de l'esprit du compositeur.
Grétry, Monsigni, Martini, Daleyrac pour leurs compositions les plus estimées, pour celles qu'on revoit le plus souvent et qui n'ont jamais besoin que d'une bonne distribution de rôles pour être goûtées comme dans leur nouveauté, n'ont jamais demandé aux auteurs le sacrifice de la raison dramatique ; ils ont au contraire reconnu que plus l'action marchait bien, plus les morceaux étaient bien adaptés à l'esprit et à l'intention de la scène, et plus le public les écoutait avec faveur : quelques ariettes de bravoure dont la mode est passée, mais qu'on aimait beaucoup alors, sont le seul tribut que ces compositeurs aient payé de temps en temps à des cantatrices brillantes. Della Maria lui-même a suivi leurs traces, et le plus beau succès de M. Duval, son Prisonnier a réuni tous les suffrages, bien moins encore par le mérite de la musique que par l'union parfaite du ton de cette musique avec celui des paroles, et de la coupe des morceaux avec celle des scènes.
Il ne faut pas conclure de ce rapprochement que les Artistes par occasion soient dépourvus de tout mérite dramatique ; il n'y manque que cette originalité qu'on est habitué à trouver dans les ouvrages de M. Duval, cette disposition plaisante de scènes dont il possède si bien les secrets, et en général plus de gaîté, mérite d'autant plus nécessaire en cette circonstance que l'ouvrage avait été annoncé en quelque sorte comme une folie : l'auteur ne le regardait sans doute pas ainsi ; certes si son ouvrage était donné comme une folie, on la trouverait un peu longue, et les meilleures, dit-on, doivent avoir le défaut ou la qualité contraire.
M. Catel est le compositeur choisi cette fois par M. Duval. De Sémiramis, et du Traité d'harmonie, adopté par le conservatoire de musique, comme ouvrage classique, aux Artistes par occasion, il y a bien loin sans doute, mais chaque talent véritable a un cachet qui lui est propre ; la musique aussi a son style ; celui de M. Catel est plein, harmonieux, soutenu, même dans une bagatelle ; on y reconnaît le savant plus souvent peut-être qu'on ne l'eût désiré ; c'est ainsi qu'un érudit, commençant comme malgré lui une conversation légère, ne sait pas la terminer sans se trahir par quelque citation grecque ou latine, par quelques termes scientifiques. M. Catel s'est trahi deux ou trois fois dans son ouvrage. Nous l'avons surpris, dans une route agréable et fleurie, cherchant les traces de Cimarosa, de Paësiello, et tout-à-coup s'en écartant comme par distraction, pour faire quelques pas dans les chemins difficiles et âpres battus en tant de sens divers par les harmonistes. Le public a marqué ces passages par ses acclamations : il n'y a plus rien à dire ; les traits lui ont paru neufs et hardis ; peut-être étaient-ils hors de leur place ; peut-être contrastent-ils avec l'ensemble de l'ouvrage, et le ton des morceaux où ils se trouvent ; M. Catel a très-bien fait de les imaginer et de les écrire, peut-être eût-il mieux fait de les réserver pour une autre occasion.
Au demeurant, deux très-jolis petits airs, chantés par Mlle. Rollandeau avec une finesse qui a rappelle celle de la spirituelle et piquante Adeline ; un trio bouffon du meilleur style, un duo dont le motif est très-gai et qui est dialogué avec beaucoup d'esprit, ont fait et doivent faire la fortune de l'ouvrage. Le quintetto où les artistes prétendus, renfermés pour composer plus à leur aise, ne peuvent rien composer, mais s'endorment, a paru un peu long, et son intention n'a pas été bien saisie : on a vu le moment où il faudrait lui appliquer l'épigramme faite contre l'admirable sommeil d’Atys ; mais aux représentations suivantes, le quintetto mieux exécuté a été mieux entendu et mieux apprécié.
Martin remplit dans la pièce un rôle qui lui convient très bien, celui d'un valet qui est obligé de chanter à merveille depuis la première jusqu'à la dernière scène ; on peut dire qu'un tel rôle est fait pour lui, et que comme Koulouf et Gulistan il a singulièrement besoin de cet habile chanteur. Les autres rôles ne font guère que tourner autour de celui-là : celui de la soubrette est seul remarquable; il est écrit avec esprit et donne lieu à une scène piquante.
Un autre ouvrage de M. Duval est repris en ce moment avec succès : c'est la double Leçon, dont nous avons rendu compte dans sa nouveauté ; la pièce est ingénieuse, le sujet original, le dialogue celui de la comédie. Cette fois, ce n'est pas avec un professeur du conservatoire que M. Duval s'est associé, c'est avec une élève ; et cette élève, Mlle, de Kerkado, formée par les soins d'un maître habile, M. Tarchi, écrit déjà dans les principes d'une très-bonne école : son chant a de la grace, ses motifs ont une expression juste, ses accompagnemens de l'élégance. On doit attendre avec impatience qu'un nouvel ouvrage confirme les espérances que donne celui-ci. S........
D’après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 146, la pièce a eu 13 représentations..
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