Colombine toute seule, scène-parade, mêlée de vaudevilles, de Morel, Marty et Philibert, créée sur le Théâtre des Jeunes Artistes le 11 brumaire an 10 [2 novembre 1801].
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, an 10 [1801] :
Colombine toute seule, Scène-parade, mêlée de Vaudevilles ; Par Morel, Marty et Philibert. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Jeunes-Artistes, le 11 Brumaire, an X de la République Française.
Françoise Dubor, dans l'Art de parler pour ne rien dire : le monologue fumiste fin de siècle (Presses Universitaires de Rennes, 2005) situe la mode des années 1790 dans la profondes transformations de la pratique des théâtres, qu'elle qualifie de « première liberté des théâtres » :
Sous la Révolution, pendant la première liberté des théâtres, la mode court un instant de petites pièces mêlées de chant ne comprenant qu'un seul personnage , et formant un long monologue. On a ainsi Gilles tout seul, de Bizet et Simonnot ; Fanchon toute seule, de Ponet ; M. Botte tout seul, du même ; Je débute, ou l'Acteur tout seul, de Rougemont ; Colombine toute seule, de Morel, Marty et Philibert ; Cassandre tout seul, de Dubois ; Figaro tout seul ou la Folle soirée de Marty.
Courrier des spectacles, n° 1708 du 12 brumaire an 10 [3 novembre 1801, p. 3 :
[La pièce vient compléter la famille des « tout seul » qui se composait déjà d'Arlequin, Gilles et Cassandre, et Colombine vient clore la série. Et la pièce nouvelle le fait plutôt bien, non par le fonds, bien sûr, mais par « quelques jolies scènes et des couplets fort agréables et bien tournés ». L'intrigue résumée ensuite est conforme à ce qu'on peut attendre d'une telle pièce, et le succès est au rendez-vous : « les auteurs de ce vaudeville [ont été] vivement demandés ». Un reproche toutefois : l'indécence de certains couplets, pleins d'esprit, et pour un ou deux d'entre eux, d'« images licencieuses » dont la pièce pouvait se passer.]
Théâtre des Jeunes Artistes.
Après Arlequin tout seul, après Gilles tout seul, après Cassandre tout seul, il falloit mettre en scène encore tout seul, le dernier personnage de la famille, bref, faire Colambine toute seule ; il falloit que ce nouveau tour de force pût soutenir la comparaison avec ceux qui l’avoient précédé ; et c’est le but qu’ont atteint les auteurs de cette nouvelle production qui obtint hier à ce théâtre un succès flatteur et mérité. Il n’y a pas grand fonds, mais quelques jolies scènes et des couplets fort agréables et bien tournés ont fait oublier la foiblesse du sujet.
Colombine est enfermée chez elle par Arlequin, jaloux et soupçonneux. Comme de sa croisée on découvre la place d'armes, et que de cette place on peut voir dans sa chambre, elle vient s’amuser aux dépens du jaloux. Un manteau et un chapeau se trouvent sous sa main, elle les prend et, et [sic] profitant de l’instant où Arlequin peut la voir, elle se tient habillée en homme près de la croisée, afin d'exciter sa jalousie. Son projet réussit assez bien : son mari accourt, veut ouvrir la porte, elle s’enferme au verrou, et feint de s'entretenir avec un amant. Arlequin envoie à ce prétendu galant un cartel auquel Colombine répond par l’envoi des habits. Arlequin reconnolt sa faute, on lui pardonne , et on va le rejoindre à la parade, étant finie.
Les auteurs de ce vaudeville vivement demandés sont les citoyens Morel, Philibert et Marty. Nous leur dirons qu’il y a dans leurs couplets de l’esprit, quelquefois trop d’esprit, et des choses que la décence condamne. Il y a un ou deux couplets qui peuvent être retranchés, parce qu’ils offrent des images licencieuses. Nous n’insistons la-dessus que parceque la pièce peut aisément s’en passer, étant d’ailleurs abondamment pourvue d’autres traits ingénieux.
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