Le Jeune philosophe, ou Se mariera-t-il ?

Le Jeune philosophe, ou Se mariera-t-il ?, comédie vaudeville en un acte, de Radet et Coupigny, 12 avril 1813.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Jeune philosophe (le), ou Se mariera-t-il ?

Genre

comédie vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

12 avril 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Radet et Coupigny

Journal des arts, des sciences et de la littérature, treizième volume, n° 217 (quatrième année, 15 avril 1813, p. 65 :

[La pièce n’est pas une réussite, et le public l’a médiocrement appréciée. L’intrigue, résumée, montre que les auteurs jouent sur un effet de surprise à répétition (un contrat de mariage signé pour que l’autre le refuse, mais elle l’accepte, avant de le déchirer, mais le notaire en a fait copie, et finalement le mariage a lieu...). Pièce sans chaleur, sans gaîté, sans comique, mais avec de l’esprit et du goût. Et si elle est bien montée, « elle a été jouée avec beaucoup de négligence ».]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation du Jeune Philosophe ou se Mariera-t-il ? Comédie vaudeville, en un acte, par MM. Radet et Coupigny.

La pièce n'a point réussi, elle n'a pas non plus été entièrement sifflée : elle a obtenu les honneurs du succès d'estime. Le sujet est fort sérieux, les couplets ne le sont pas moins, et cependant on a pu s'apercevoir que les auteurs avaient eu quelquefois la prétention d'être gais.

Voici le plan de l'ouvrage. — Un jeune philosophe, M. de Saint-Clair, refuse d'épouser mademoiselle Eugénie, parce qu'elle est à la fois riche, jeune et jolie, et que de ces trois qualités, il y en a deux au moins de trop pour un sage. Le père, irrité du refus de Saint-Clair, veut se brouiller avec lui. Heureusement, un autre philosophe, nommé Dermond, vient tout concilier. Il persuade à Saint Clair que le meilleur parti à prendre est de signer le contrat, et de laisser à mademoiselle Eugénie l'honneur du refus. Saint-Clair accepte, il met son nom au bas de l'acte; mais la jeune mariée qui trouve tous ces arrangemens fort peu de son goût, signe à son tour au lieu de refuser. — Grande surprise, mouvement d'humeur et de fierté de la part de mademoiselle Eugénie qui déchire le contrat. Réconciliation.— Le notaire qui ne fait pas les choses à demi, a pris copie de l'acte déchiré : on apporte des bouquets aux futurs, et le mariage se termine avec plus de bonheur que la pièce.

Le couplet d'annonce ne renfermait qu'une naïveté dépourvue de sel : il a été applaudi à la droite du parterre et sifflé à la gauche. Le premier échec était d'un fâcheux présage, et la mauvaise humeur du public ne l'a que trop justifié. Cependant il y aurait de l'injustice à condamner entièrement le Jeune Philosophe S'il est dépourvu de chaleur, de gaité, de comîque au moins ne manque-t-il, ni d'esprit, ni de goût. — La pièce était bien montée ; mais elle a été jouée avec beaucoup de négligence.

Journal des arts, des sciences et de la littérature, treizième volume, n° 217 (quatrième année, 15 avril 1813), p. 70 :

[Dans le même numéro, le rappel de l’échec critique de la pièce, victime de deux mauvais comptes rendus :]

La Suite d’un Bal masqué a reçu des éloges dans le Journal de l’Empire et dans le Journal de Paris. – Le Jeune Philosophe a éprouvé le sort contraire dans le Journal de Paris et dans la Gazette.

Journal des arts, des sciences et de la littérature, treizième volume, n° 219 (quatrième année, 25 avril 1813), p. 118 :

[Toujours pas de succès pour le Jeune Philosophe...]

Peu de monde aux Français pour Alzire. Personne au Vaudeville, où l’on jouait deux ouvrages anciens et le Jeune Philosophe, qui ne paraît pas destiné à vieillir.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome II, p. 452 :

[Dans une critique en rafale des nouveautés, on voit surtout la rapidité du renouvellement des pièces jouées au Théâtre du Vaudeville. Le sort du Mari par hasard et du jeune Philosophe est réglé de manière particulièrement expéditive. Au contraire des deux autres pièces, elles ne font pas rire et ennuient.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Quatre nouveautés ont paru à la file, la dernière seule vivra quelques jours, et mourra avec la
circonstance qui l'a fait naître.

Madame Jordonne, parodie de l'Intrigante, a été jouée trois fois. Les représentations en faisoient beaucoup rire. Le Mari par hasard, et le jeune Philosophe, qui ne font pas rire du tout, meurent de langueur. Le Boguey renversé, ou un point de vue de Longchamps, joué le 15 avril, est un tableau mouvant plein de gaieté, de folies et d'esprit. Cette bleuette n'est point susceptible d'analyse. Elle est de MM. Théaulon et Dartois.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1813, tome VI (juin 1813), p. 285-288 :

[Dans ce compte rendu, le critique ironise sur les souffrances du comité de lecture du Vaudeville, obligé d’entendre une multitude de pièces d’un niveau consternant, puis sur le malheur d’un des deux auteurs d’une pièce tombée, qui ferait mieux de se consacrer à l’écriture de romances. En ce qui concerne le petit Philosophe, c’est une terrible déception qui est décrite : au lieu de montrer « un de ces jeunes étourdis qui forment chaque jour des projets de sagesse », la pièce montre « un petit pédant bien froid, bien ennuyeux » et qui a un comportement plutôt étrange. Occasion de nous montrer comment il se marie. Conclusion : le public alterne bâillements et sifflets. Les auteurs ont été nommés. Celui qui est célèbre s’en remettra, l’autre devra continuer à écrire d’insipides romances, genre dont il se croit le roi. C’est rare qu’un compte rendu soit aussi méchant !]

Théâtre du Vaudeville.

Le Jeune Philosophe, ou se Mariera-t-il ? Comédie mêlée de vaudevilles.

Il faut que les hommes de lettres qui composent le comité de lecture du théâtre du Vaudeville, soient d'une constitution bien robuste, qu'ils soient tourmentés d'une insomnie bien violente pour écouter, sans dormir du sommeil le plus profond, les pièces qu'on lit devant eux chaque semaine, et que, par vengeance sans doute, ils condamnent les acteurs à jouer et le public à entendre. Ah ! de grace, messieurs du comité, ne vous vengez plus....... Eh quoi ! vous nous donnez le Rève, nous sifflons ; vous nous offrez la Tour de Witikind, nous plaignons le plus gai de nos romanciers d'avoir été ainsi défiguré ; vous nous présentez le Cimetière du Parnasse, nous levons les épaules ; le Mari par hasard, les amis applaudissent ; les gens raisonnables gardent le silence. Enfin nous nous croyons à l'abri de vos persécutions, et déjà un ouvrage charmant, où règnent la gaîté la plus originale, la franchise la plus aimable, où les saillies heureuses, les traits piquans se succèdent avec rapidité, Pierrot, nous a fait oublier et les torts de ses devanciers, et les sottises de ses successeurs, quand tout-à-coup, jaloux de nos plaisirs et fidèles à votre systême, vous nous punissez d'avoir ri un instant en nous offrant un somnifère plus parfait que tous les autres.... le Jeune Philosophe.

On s'attendait à voir un de ces jeunes étourdis qui forment chaque jour des projets de sagesse, qe la raison séduit, que le plaisir entraîne ; inconstans par habitude, fidèles par caprice, qui hésitent à s'engager dans les liens de l'hymen, parce que, longtemps railleurs, ils craignent d'être raillés à leur tour. Ce caractère pouvait présenter quelques contrastes agréables, donner lieu à quelques situations vraiment comiques ; on pouvait encore glaner avec succès après la moisson de Destouches. Mais l'attente du public a été bien trompée : le héros de la scène nouvelle, Saint-Clair, est tout simplement un petit pédant bien froid, bien ennuyeux, qui prend pour guide l'homme le plus aimable, le plus spirituel, le plus sensé du monde, La Bruyère, et cependant ne fait et ne dit que des sottises ; son oncle, riche négociant, veut lui donner, avec cent mille écus de dot, la main d'une femme charmante et qu'il aime depuis longtemps. Graces, beauté, talens, Eugénie réunit tout ce qu'il faut pour plaire : mais notre philosophe est arrêté par un scrupule assez singulier : il n'a pour toute richesse que sa jeunesse et son amabilité ; il tremble d'être accusé d'avoir cédé à un vil intérêt. On le presse ; il balance. Il est résolu à rester garçon : on lui fait cependant observer que son refus est une injure sanglante pour Eugénie, qu'il la compromet, et que le seul moyen de tout réparer est de se faire refuser par la jeune personne. Persuadé qu'Eugénie, irritée de sa conduite, ne voudra plus entendre parler d'hymen, il est le premier à signer le contrat que le notaire le lui présente. ... Mais quel est son étonnement ! Eugénie qui n'a pas de rancune, qui ne veut pas avoir fait inutilement la plus jolie toilette, s'être parée du bouquet virginal, Eugénie s'empresse de mettre sa signature au bas de la sienne. Vous croyez peut-être que la pièce est finie ? Tout le monde le croirait comme vous, lecteurs ; eh bien ! il n'en est rien : le nouveau marié, pour expier ses torts, est obligé d'entendre deux enfans lui réciter, ou plutôt lui chanter le compliment le plus niais qu'il soit possible de trouver dans le Parnasse du Sentiment (1).

Comme on ne peut pas faire deux chose à la fois, le public, pendant toute cette scène, sifflait quand il ne bâillait pas, et bâillait quand il ne sifflait pas. Il faut bien s'occuper. Lorsque le rideau fut baissé, une petite voix grêle, partie de je ne sais quel coin de la salle, cria l'auteur ! l'auteur ! Saint-Léger, qui avait fort bien joué un mauvais rôle, vint gravement nous apprendre que la pièce était de MM. Radet et Coupigny.

L'auteur d'Honorine, du Prix, de Pauline, de la Matrône d'Ephèse, peut se consoler facilement d'une chute ; mais quel parti doit prendre son collégue, qui n'est guère connu au théâtre que pour avoir composé, lui quatrième, je crois, une ou deux petites pièces ? Quel parti doit prendre cet infortuné collégue ? Celui de continuer à faire des romances, genre dans lequel il n'a point de rivaux, puisqu'on l'a souvent entendu dire, en parlant de l'auteur de Charles IX, « Chenier tient le sceptre de la tragédie, et moi, j'ai celui de la romance ». Soupirez-donc des romances, M. de Coupigny ! votre tempérament naturellement tendre, mélancolique, ne convient pas du tout au genre malin et enjoué du Vaudeville.

(1) Almanach chantant , où il y a des couplets pour toutes les fêtes, tous les mariages, etc.

Mémorial dramatique: ou Almanach théâtral pour l'an 1814 (huitième année), p. 129-130 :

[Compte rendu limité à un résumé de l'intrigue, et à un constat : peu de représentations...]

LE JEUNE PHILOSOPHE , ou Se mariera-t-il ? comédie vaudeville en un acte, par MM. Radet et Pompigny. (12 avril.)

Ce jeune Philosophe est un petit pédant bien maussade, bien ennuyeux ; qui, loin de chercher le bonheur, le repousse quand il s'offre à lui. Il refuse la main d'une fille qu'il aime, et que le père veut lui donner avec cent mille écus : il craint que le monde ne dise qu'il a cédé a l'appât de l'or. On fait sentir à ce héros de délicatesse que son procédé est injurieux pour la belle Eugénie, et qu'il n'a qu'un moyen de le réparer, c'est de se faire à son tour refuser par elle. Il y consent ; toute la famille est assemblée, le notaire présente le contrat, le Philosophe signe le premier, il croit qu'Eugénie va lui faire un petit affront bien conditionné ; mais la friande n'est pas si sotte ; elle signe aussi. Voilà M. Saint-Clair marié malgré lui ; il se résigne, et la pièce finit par un petit compliment d'école que viennent lui chanter deux enfans dont il est parrain.

Ce faible ouvrage a eu très-peu de représentations.

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