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Delphis et Mopsa
Delphis et Mopsa, opéra / comédie lyrique en deux actes, de J.-H. Guy, musique de Grétry, 26 pluviôse an 11 [15 février 1803].
Théâtre des Arts.
D'après le Courrier des spectacles, la première de Delphis et Mopsa, comédie lyrique en deux actes, annoncée depuis le début du mois de février, a eu lieu le 26 pluviôse an 11 [15 février 1803].
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Titre :
Delphis et Mopsa
Genre
opéra (comédie lyrique)
Nombre d'actes :
2
Vers / prose
en vers
Musique :
oui
Date de création :
26 pluviôse an 110 [15 février 1803]
Théâtre :
Théâtre des Arts
Auteur(s) des paroles :
J.-H. Guy
Compositeur(s) :
Grétry
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Roullet, an XI, 1802 :
Delphis et Mopsa. Comédie-lyrique en deux actes. Réprésentée pour la première fois, sur le Théâtre des Arts, le 26 Pluviose, an 11.
Le nom des auteurs est donné à la page suivante :
Paroles de J.-H. Guy.
Musique de Gretry.
Delphis et Mopsa est l'objet de la quarante et unième livraison de la Collection complète des œuvres de Grétry publiée par le gouvernement belge (Leipzig et Bruxelles, Breitkopf et Haertel, sans date). La pièce, texte et partition, est précédée d'une préface d'Ernest Closson, qui revient sur le destin singulier de cette dernière œuvre lyrique de Grétry, sur l'éventualité de la collaboration de Momigny à l'orchestration, sur la réaction de la presse, sur les causes qu'on peut assigner à son échec, puisque la pièce n'a connu que cinq représentations. Je reproduis la partie qui concerne l'écriture de la pièce et son destin scénique, sans les notes qui accompagnent cette préface.
C'est en 1803 que Grétry donna son dernier ouvrage lyrique. Le livret lui en avait été fourni par Guy, auquel il devait déjà celui d'Anacréon chez Polycrate (1797). Jean-Henry Guy, né à Compiègne le 30 Août 1765, décédé vers 1835, fils d'un piqueur du roi, s'était spécialisé dans la composition des livrets d'opéra et quelques-uns de ses ouvrages obtinrent beaucoup de succès. Il avait débuté au Théâtre Louvois avec le Baiser donné et rendu, musique de Gresnick (1796); puis vinrent Anacréon et, la même année, Sophie et Moncars ou l'Intrigue portugaise, trois actes avec Gaveaux. Plus tard, il donna encore à l'Opéra Nathalie ou la Famille russe, musique de Reicha (1816), et Roger de Sicile, musique de Bertin (1817). Enfin, il avait fait jouer en 1798, à la Comédie Française, une comédie en cinq actes et en vers, Michel Montaigne.
On constate encore une fois, avec Delphis et Mopsa, l'influence exercée par les événements de cette époque tourmentée sur l'orientation théâtrale. Les bouleversements politiques, et non point seulement l'évolution esthétique, avaient conduit Grétry au genre, si éloigné de son génie, de la tragédie lyrique. Les circonstances de la vie sociale avaient même donné naissance à un genre particulier, l'opéra « à délivrance», dont la Caverne de Lesueur (1794) et la Léonore de Bouilly et Gaveaux (1798), immortalisée plus tard par Beethoven, sont des types caractéristiques. Le sujet patriotique et républicain était de rigueur ; de 1792 à 1794, Grétry donnait quatre ouvrages de cette espèce, la Rosière républicaine, Joseph Barra, Callias, Denys le Tyran, qui lui avaient été « ordonnés, affirme-t-il, par les terribles autorités de ce temps ». Enfin, avec l'Empire, une détente se manifeste, les pièces pastorales, les bucoliques aimables auxquelles Grétry devait ses meilleures inspirations, redevinrent possibles. Mais le genre lui-même n'en était pas moins suranné, comme Grétry l'allait apprendre à ses dépens. Les bergères s'exprimant dans le langage des cours, les aspects conventionnels de la vie rustique étaient devenus par trop insolites pour des spectateurs que la Révolution avait mis face à face avec la dure réalité, en lui révélant dans toute son étendue la misère du peuple.
C'est cependant à ce genre d'ouvrages qu'appartient Delphis et Mopsa, comédie lyrique en deux actes, dont voici l'argument:
Le prince Phanor est amoureux de Laure. Celle-ci l'aime aussi, mais elle craint d'enchaîner sa liberté et, sceptique quant au bonheur du mariage, elle défie Phanor de lui montrer un couple parfaitement heureux ; s'il y réussit, elle consent au mariage. Phanor la prend au mot. Delphis, un paysan du voisinage, et sa femme Mopsa, dûment stylés, figureront ce ménage idéal et recevront pour prix de leur service une terre appartenant au prince. Les voici devant Laure, jouant le parfait accord. Mais un mot malheureux gâte tout et rallume entre Delphis et Mopsa leurs anciennes querelles. Laure se moque, Phanor dépité et furieux retire sa promesse envers les époux.
Au second acte, la comédie tourne au drame. Delphis, trompé dans ses ambitions et outré contre sa femme qu'il accuse de tout le mal, se dispose à la quitter en emmenant avec lui leur enfant. Mopsa désespérée implore l'intervention de Laure, mais Delphis s'obstine. Enfin Laure, autant pour réconcilier les époux que pour suivre les penchants de son cœur, accorde sa main à Phanor, qui rend à Delphis ses faveurs.
* * *
Nous ne possédons guère de renseignements sur la composition de cet ouvrage. Des diverses sources d'information utilisées pour les opéras antérieurs, les Mémoires secrets se limitent à 1789, la Correspondance de La Harpe s'arrête à 1791, celle de Grimm à 1797. Les contemporains et l'auteur lui-même, qui s'était déjà retiré dans l'ancien Ermitage de Jean-Jacques à Montmorency, semblent s'être concertés pour laisser Delphis et Mopsa tomber dans l'oubli.
Le seul fait à noter concerne le travail de l'orchestration, que Grétry, soit lassitude, soit qu'il eût conscience de ne plus se trouver à la hauteur des progrès réalisés dans ce domaine, aurait confié à son compatriote de Momigny. Voici en quels termes ce dernier nous met au courant de cet intéressant détail :
« Témoin de son travail, j'en puis parler avec certitude, car nous étions liés au point qu'il me pria d'établir la partition de l'un de ses opéras, dont il avoit rapporté de l'Hermitage, sa maison de campagne, les différents chants avec les ritournelles, écrits sur des petits morceaux de papier... J'allai donc chez lui, pendant trois semaines environ, tous les matins, à six heures. Nous nous enfermions jusqu'à neuf, et je lui instrumentois ses airs et ses chœurs, car cet ouvrage étoit pour le grand Opéra : c'était Delphis et Mopsa, l'une de ses plus foibles conceptions, et dont le poëme, qui ne se soutenoit pas lui-même, ne pouvoit soutenir la musique, qui eût néanmoins vécu malgré sa foiblesse, parce qu'elle avoit un certain principe de vie dans son naturel et sa naïveté, si elle n'eût pas été entraînée à jamais par la chute méritée du poëme. »
Cette assertion, publiée cinq années après la mort de Grétry, est indirectement confirmée par Fétis qui, dans l'article assez sévère consacré par lui au maître liégeois, affirme que les vingt derniers opéras de celui-ci auraient été orchestrés par Panseron le père. Fétis ne fournit aucune preuve à l'appui de cette affirmation si importante, étendue à un aussi grand nombre d'ouvrages. Mais si telle était devenue en réalité l'habitude de Grétry, rien n'empêche de croire que l'orchestration de Delphis et Mopsa aurait été, elle, confiée à de Momigny. Nous ne possédons à cet égard que le témoignage de de Momigny lui-même qui, à vrai dire, s'était trouvé temporairement brouillé avec Grétry à cause de quelques justes réserves formulées par lui, dans son Cours de Composition, au sujet de la facture musicale du compositeur. Mais la réconciliation n'avait pas tardé et, au surplus, nous n'avons aucune raison de révoquer en doute le récit circonstancié du musicographe. Quant à la partition, elle ne nous fournit ici aucun élément d'appréciation. L'orchestration est celle de la plupart des opéras de Grétry; on n'y trouve plus même les timbales et la harpe qui figurent dans Anacréon.
* * *
La première représentation de Delphis et Mopsa fut donnée à l'Opéra, alors le « Théâtre des Arts», le 15 Février 1803 (26 Pluviôse an XI); les rôles de Laure, de Mopsa, de Phanor et de Delphis étaient respectivement confiés à Melle Henry, Melle Maillard, Laforêt et Lays. Malgré l'excellence de la distribution, malgré le prestige du nom de Grétry, l'insuccès fut complet. Contrairement à l'usage, les auteurs ne furent pas même nommés, et l'ouvrage disparut du répertoire après une série de cinq représentations.
La plupart des journaux, les Débats, le Journal de Paris, le Mercure de France, l'Esprit des journeaux [sic] (d'ailleurs très occupés des débuts de Melle Georges et de ses démêlés avec Melle Duchesnois) gardèrent le silence, semblant préférer ce parti à la constatation forcée d'un échec. Les autres furent pleins de tact dans leurs critiques qui, adressées surtout au librettiste, montrent le souci de ménager le musicien, vieillard illustre alors entouré de la considération générale et dont la naïve vanité, l'ombrageuse susceptibilité étaient connues.
Du Magasin encyclopédique (t. V, p. 265):
« Cet opéra n'a pas obtenu de succès. C'est une espèce de pastorale assez froide... Le sujet n'était pas heureux, pour le grand opéra surtout. La musique, quoique d'un homme connu et estimé, n'est pas beaucoup meilleure que le poëme : on a cependant remarqué un quatuor charmant, qui a été très applaudi. »
Du Courrier des Spectacles (27 pluviôse an 11):
« Tel est le fonds de cet opéra en deux actes. Il n'en comportait véritablement qu'un, mais il eût paru court, et le second étoit difficile à trouver et à traiter de manière à ne pas faire languir l'intérêt. Quoique ces deux actes ne soient pas très longs, le public a paru exiger plus de choses. Car ils sont véritablement vuides d'action, quelques scènes de brouilleries et de raccommodement ne suffisant pas pour former une pièce, surtout aux yeux de spectateurs aussi difficiles que les Français.
« Les auteurs ont été foiblement demandés et n'ont point été nommés. Celui de la musique a été compris dans cette indifférence générale. Cependant on n'a pu se dissimuler qu'une main habile avait écrit l'ouverture, qui a été extrêmement goûtée. Le quatuor qui termine le premier acte et deux ou trois airs chantés par Lais, Laforêt et Mesdemoiselles Maillard et Henry ont enlevé tous les applaudissemens. Nous sommes fâchés que les auteurs n'aient pas été plus heureux dans le choix de leur sujet. Le genre pastoral est bien froid d'ordinaire, surtout lorsqu'il n'est point soutenu à ce théâtre par la dance [sic] et le spectacle. Nous ne ferons plus qu'une observation : c'est qu'il n'est pas naturel que des Siciliens ou Grecs, qui prennent Vénus et Junon à témoins de leurs sermens, portent des costumes modernes. Phanor a l'habit espagnol et Delphis celui de paysan Français ; c'est une inconvenance qui a frappé beaucoup de spectateurs et qui doit disparaître à une seconde représentation. »
Le compte-rendu le plus important parut dans le Moniteur universel (17 février 1803) qui, après avoir résumé le livret, s'exprime comme suit :
« Les deux actes dont l'ouvrage se compose offrent, l'un, le ton de l'opéra-comique, l'autre, un ton sentimental et larmoyant. Ce contraste n'a pas produit tout l'effet désirable.
« ... Le premier acte a complètement réussi : la situation est douce, agréable ; les détails ont de la fraîcheur et la scène est comique : un succès complet attendait l'ouvrage sans doute, si le second acte eût paru digne des mêmes éloges ; mais à ce second acte, le discord des époux, devenu plus sérieux depuis que la récompense promise est perdue, leur séparation prête à se conclure, leur débat pour conserver un enfant, objet d'une égale tendresse, amènent des scènes attendrissantes dont le résultat inattendu et peut-être invraisemblable est le consentement de Laure aux vœux de son amant : ce dénouement n'a pas paru satisfaire le public ; peut-être ce sujet ne comporte-t-il qu'un acte et devrait-on se contenter de la jolie scène qui se trouve dans le premier et amener le dénouement sans incident nouveau. Quelques accessoires d'ailleurs, des chœurs peu nombreux, peut-être aussi quelques groupes de danseurs n'auraient pas nui à l'effet de la représentation. On a craint de la surcharger et elle a paru un peu nue.
« Il s'est écoulé plus de trente ans entre les représentations du Tableau parlant, des Deux Avares, de Sylvain et de Zémire, et celle de Delphis et Mopsa. Qui pourrait exiger, dans cette dernière production, le feu, la verve, l'originalité qui distingueront à jamais les premières ? Mais un grand maître n'est jamais complètement en-dessous de lui-même; un trait seul peut le déceler et, dans l'opéra nouveau, on a applaudi avec éclat l'ouverture, dont le motif gracieux et chantant est heureusement ramené au second acte, un air de Phanor, un air de genre (si on peut s'exprimer ainsi) chanté par Lays, et le quartetto qui termine le second acte, morceau aussi ingénieusement adapté à la scène que bien traité quant à la partie de l'orchestre. »
Enfin, quelques mois plus tard, l'Almanach pour l'an XII de l'Année théâtrale consacrait à Delphis et Mopsa ces lignes d'une sévérité mesurée :
« C'est peut-être ce qu'on voulut essayer en donnant un petit opéra pastoral intitulé Delphis et Mopsa, dont le premier acte fut assez bien accueilli, mais dont le second excita presque des murmures. On eût dû les éviter au doyen de nos compositeurs français, à Grétry, qui pourtant, dans ces derniers amusemens d'un âge avancé, reproduisit plusieurs fois les grâces et l'esprit dont brillent les ouvrages de sa jeunesse. Son ouverture rappelait le motif d'une ancienne chanson, le Meunier d'Arpajon, et cette adresse qu'il avait d'avance justifiée dans ses Mémoires, n'ôtait rien au mérite de ce morceau qui pourrait servir de modèle à ceux qui veulent s'approprier des idées trop facilement oubliées. On applaudit vivement un duo comique dont le premier motif, servant d'abord à exprimer le contentement des deux époux, se trouvait à la fin employé à peindre leur humeur dure et acariâtre ; la transition, qui conduisait de l'une à l'autre situation, était habilement ménagée et servait à faire valoir d'autant plus le contraste. Mais ces époux, qui avaient fait rire au premier acte, pleuraient au second ; et leur douleur faible et commune inspira trop peu le compositeur. II n'avait pu donner un chant agréable aux personnages principaux, assez insignifians, et pour qui le spectacle des débats du ménage rustique était une leçon. On avait au reste mis trop peu de soin à cet ouvrage. L'auteur des paroles, le citoyen Guy, en prenant les noms de ses personnages dans les poètes grecs, sans leur avoir emprunté malheureusement ni leurs pensées délicates, ni leur style simple et naïf, avait voulu faire une idylle dans le genre de Théocrite; Grétry avait fait chanter, un peu trop peut-être, comme aux bords de la Seine soupirent les bergers de Fontenelle ; les acteurs mirent, de leur pleine autorité, la scène dans l'Italie moderne ; en sorte que le spectateur le moins délicat sur les convenances ne savait sur quoi fixer ses idées pour trouver, s'il était possible, quelque chose dont l'ouvrage fût l'imitation. »
* * *
Les causes de cet échec paraissent devoir être cherchées plutôt dans l'ouvrage lui-même que dans l'évolution générale du style dramatique. Certes, celui-ci était bien changé ; Grétry, qui avait donné à l'ancien opéra-comique français sa formule définitive en y introduisant l'expression dramatique, payait maintenant son tribut au temps. Son écriture dénuée d'artifice, son dédain un peu voulu de l'harmonie, l'inhabileté de son développement, la simplicité de son orchestration contrastaient avec la perfection technique des ouvrages dans lesquels Méhul et Cherubini s'efforçaient de moderniser le grand style de Gluck. Toutefois, cette éclipse ne fut que momentanée. Six années seulement venaient de s'écouler depuis le dernier grand succès de Grétry, Anacréon chez Polycrate, repris peu après et qui jusque 1825 n'obtint pas moins de 136 représentations. L'année même de l'échec de Delphis et Mopsa, on reprenait le Jugement de Midas (1778), qui fut suivi d'une demi-douzaine d'autres ouvrages du maître liégeois. Celui-ci conserva toute sa vogue jusqu'aux environs de la Révolution de 1830, tandis que celle de ses rivaux plus savants mais moins doués, Méhul et Cherubini, s'éteignait devant les succès bruyants et non moins éphémères de Spontini, précurseur du grand opéra ; et l'on sait qu'aujourd'hui encore les opéras de Grétry n'ont pas encore entièrement quitté le répertoire des grandes scènes lyriques, où ils forment la contre-partie gracieuse de la tragédie lyrique de Gluck. Sa technique élémentaire elle-même, parfaitement adaptée à son genre et à son style, ne pouvait abréger sa renommée et c'est dans ses ouvrages, non dans ceux de ses rivaux, que l'opéra-comique français du XIXe siècle prend sa source.
Mais tout a une fin et, dans Delphis et Mopsa, il est manifeste que cette lyre féconde exhalait ses derniers accents. L'inspiration expirante du musicien, peu stimulée, en outre, par la médiocrité du livret, devait conduire à un échec dont le maître ne chercha pas à prendre sa revanche. Il consacrera les dix dernières années de sa vie à des travaux littéraires et n'écrira plus, pour le théâtre, que quelques morceaux nouveaux pour sa partition d'Elisca, à l'occasion de la reprise de cet ouvrage à l'Opéra-comique en 1812. Il expirait un an plus tard, le 24 Septembre 1813, ayant été l'objet d'honneurs sans nombre, entré vivant, peut-on dire, dans la gloire.
A cette riche préface j'ajoute seulement deux extraits de presse absents du travail d'Ernest Closson :
Courrier des spectacles, n° 2176 du 30 pluviôse an 11 [19 février 1803], p. 2 :
Théâtre de l'Opéra.
La seconde représentation de Delphis et Mopsa a eu plus de succès que la première. On a fait quelques changemens nécessaires et l'ouvrage marche assez bien. Le premier acte sur-tout est un petit chef-d’œuvre pour le naturel, pour la simplicité et pour les morceaux délicieux que chaque situation a inspirés au compositeur. Le second, quoiqu’anirné naturellement par la scène où Delphis et Mopsa se querellent, est traité d’une manière trop tragique et produit moins d'effet ; les scènes y sont trop bruyantes, et le musicien, comme l’auteur des paroles, y ont négligé cette simplicité qui convient au genre pastoral.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 8e année, 1803, tome V, p. 264-265 :
[L’opéra, qualifié d’« espèce de pastorale assez froide » n’a pas réussi, et le résumé de l’intrigue en montre la fadeur (le dénouement paraît facile). Sujet peu heureux, musique guère meilleure, le critique ne trouve à sauver qu’« un quatuor charmant, qui a été très-applaudi », mais c’est bien peu. Il connaît le nom du compositeur, mais ne le révèle pas, pas plus qu'il ne donne pas le nom de l'auteur des paroles.]
THÉATRE DES ARTS.
Delphis et Mopsa.
Cet opéra, en deux actes, joué le 26 pluviôse, n'a pas obtenu de succès. C'est une espèce de pastorale assez froide. Une jeune femme qui a de l'aversion pour le mariage, refuse sa main à son amant, et pour se débarrasser de ses sollicitations, la lui promet enfin, lorsqu'il lui aura fait voir un ménage parfaitement heureux. L'amant s'adresse pour cela à Delphis, paysan, son voisin, qui malheureusement est en dispute avec sa femme Mopsa, mais qui pour de l'argent promet tout ce qu'on veut. Il se raccommode, se brouille encore, et la jeune femme, témoin de tout cela, refuse bien plus positivement encore de prendre un époux. Cependant, lorsqu'elle voit Delphis et sa femme serrer leur enfant entre leur bras, elle ne peut résister à ce tableau du bonheur, et elle épouse Phanor.
Le sujet n'étoit pas heureux, pour le grand opéra surtout. La musique, quoique d'un homme connu et estimé, n'est pas beaucoup meilleure que le poème : on a cependant remarqué un quatuor charmant, qui a été très-applaudi.
Cinq représentations du 26 pluviôse an 11 [15 février 1803] au 22 ventôse an 11 [13 mars], les 15 /02, 18/02, 20/02, 25/02, 13/03 1803.
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